mercredi 22 avril 2020

Jour 37 ¾


Épouvantail. C’est ça mon travail maintenant. Je me suis fait virer du resto, plus de taf, plus de salaire, vlan. J’ai tenté ma chance à l’aéroport, voir s’ils avaient pas besoin d’un serveur. Ils m'ont dit vous êtes serveur vous avez l’habitude de marcher, justement il faut faire peur aux oiseaux. J’ai dit ok.
J’ai un chiffon rouge, une gamelle et une louche pour faire du barouf. Toute la journée je m’agite, je vacarme. Des fois je chante aussi. J’en ai des fourmis dans l’oreille. C’est pas bien malin comme boulot, mais au moins j’ai personne pour m’emmerder, ça me change.
Les oiseaux, je les aime bien, je cogne pas trop fort sur la gamelle, et je vois bien qu’ils reviennent dès que j’ai le dos tourné.
Ils n’ont pas vraiment le choix, les aéroportifs, c’est impossible de tirer au fusil là-dedans : qu’est-ce qu’ils vont dire chez Qatar Fly s’ils trouvent de la chevrotine dans le pare-brise ? Au prix du stationnement, ça va gueuler. Alors ils parlent de lâcher des faucons. Bon, pourquoi pas, j’aime bien aussi les faucons. Il faut bien que tout le monde vive.
En attendant, il y a des types comme moi qui tournent en rond toute la journée en faisant dong-dong sous le cagnard. Mais j’ai mes petits bonheurs. Ne le dites à personne, il y a des alouettes qui viennent de se caler juste sous le train du jet là-bas. J’ai pas le cœur de les virer, elles sont si mignonnes. J’adore les alouettes, ça me rappelle mon enfance. Et puis les petits seront envolés bien avant toutes ces machines.


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