vendredi 10 avril 2020

Jour 25


Les États européens trouvent un accord sur un plan de relance de cinq cents milliards d’euros.
La mafia distribue de la nourriture dans le Sud de l’Italie. Ça fleurit dans les ornières, ces plantes-là.

Pendant ce temps, les escargots mortuaires continuent de dessiner leurs courbes. Je me demande comment fait l’Allemagne, qui contient bien les choses.
D’ailleurs ils offrent soixante respirateurs aux Anglais, pour leur donner un peu l’air, lol.
L’Espagne se lance dans le dépistage massif. Vu l’expérience de la Corée, peut-être que c’est une bonne piste.
Personne ne parle du Portugal, comment ça se passe au finisterre discret ? État d’urgence, confinement volontaire, solidarité, aéroports fermés pour le week-end de Pâques. Cinq millions de diaspora pour dix millions au pays, ça peut faire du trafic. Tiens, école à distance jusqu’à la fin de l’année scolaire. Ça nous pend au nez pour la télé-Manu lundi soir.
Pendant ce temps, on commence ici à entendre des regrets concernant le self du collège.

Le boulot est pas mal reparti cette semaine. Tout s’est effondré le premier jour, ça a pataugé pendant deux semaines puis ça a redémarré progressivement. Comme des plantes.
Je lis un super bouquin américain, « L’arbre-monde ». Étonnamment, ça parle d’arbres. C’est marrant, on parle beaucoup d’arbres depuis quelques années. On découvre des tas de choses, les champignons qui font l’internet-livraison de tous les arbres d’une forêt, la solidarité entre eux, même l’exclusion des profiteurs… Les années 20 seront-elles arborées ?
Quel rapport avec le confinement ? Peut-être un besoin de rêve, de penser à autre chose. Un article dit voici venu le temps de l’ennui. Hop, petit coup de sonde… pas trop d’ennui, non, plus un gout de confit-pâteux, une impatience, envie de marcher sur la longue plage ouverte de Saint-Brevin, de prendre du vent dans le visage. De faire du vélo aussi. Mouvement et espace, mais pas d’ennui.
Ça fait des siècles que des gens vivent volontairement enfermés, religieux ou ermites, sages ou fragiles, sans forcément en souffrir. Est-ce l’habitude ? L’évasion spirituelle ? L’ignorance des grands espaces ? Je paierais cher pour une rando dans l’Aubrac. 

Ça y est, les premiers martinets sont là. Dix jours d’avance, c’est beaucoup.
        J’ai rêvé cette nuit que le chat m’apostrophait en anglais. C’est toujours drôle de chercher dans les rêves les débris du jour.



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