Jour 28 ¾

Après presque un mois, les relations tirent. Ça commence à se fendiller comme un vieil élastique.

La jeunesse est désormais hors de portée, occupée à vendre ses organes sur le dark web en échange du dernier skin trop stylé pour Putrefied Massacre en ligne. Ou en discussion around-the-clock sur une visio qui revend en temps réel les images pour le deep fake.

Le couple parental, pour résister à la claustrophobie, réduit les interactions et l’activité au minimum vital : courses, cuisine, ménage. Il se déshydrate sous l'influence des conditions extrêmes, façon tardigrade.

Seul le félin des lieux fait preuve d’un peu d’équanimité, maintenant sans varier son humeur énigmatique et maussade. A croire qu’il se préparait à cette épreuve depuis toujours.

Au vu de ce tableau clinique, voici les perspectives d’évolution envisageables :

A. Fracture ouverte : les tensions dégénèrent en conflit, dont l’intensité monte jusqu’aux violences contre les biens et/ou les personnes, et l’évacuation d’un ou plusieurs membres de la cellule familiale par les forces de l’ordre.

B. Inflammation chronique avec infection purulente : les frictions deviennent récurrentes et fragilisent les zones de contact. La réponse immunitaire se déclenche et cause une inflammation relationnelle continue, avec éruptions intermittentes. Un équilibre précaire peut se maintenir, mais la cellule familiale lyse dès disparition de la contrainte extérieure.

C. Homéostasie à grand-peine : un suivi resserré des variables vitales permet de corriger les déséquilibres et d’atténuer les pressions localisées, avant l’installation de pathologies.

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