dimanche 5 avril 2020

Jour 20


Certains pays commencent à voir le bout du tunnel : Italie et Espagne en particulier, ça décélère, mais aussi l’Allemagne. Apparemment la tactique du test à grande échelle paye. La centralisation autoritaire à la chinoise n’est pas la seule réponse.
En France, deux mille personnes mortes en EHPAD, donc sept mille six cents morts. Plus deux à cause d’un cinglé terroriste dans la Drôme. On passe au-dessus de la courbe italienne.
On libère des milliers de places d’hôtel pour les SDF. Bon dieu, tout ce qu’on fait de prétendument impossible. La leçon principale de tout ce merdier : quand on veut on peut.
Ça commence à dénoncer les déconfineurs. Une femme en profite pour balancer son mari qui va voir sa maitresse en douce.

Les choses s’accélèrent aux Etats-Unis et en Angleterre. L’État de New-York se rapprocherait de son pic. Ça chauffe en Louisiane.
Gros gros risque en Afrique d’effondrement économique. Plus dangereux peut-être que le virus.
La Chine surveille les reprises comme le lait sur le feu. Ça frémit au Sud, dans le Guandong.
Un prof de Wuhan raconte le retour à la vie. Apparemment c’est un choc aussi dans ce sens-là. L’hôpital est curieusement calme. Il profite du début de printemps et se balade. Il tombe sur un type effondré sur le trottoir : il vient de rompre avec sa copine. Contrepied.

Pour nous, de nouveau magnifique journée d’été. Encore le linge dehors, comme dans les pubs de la petite maison dans la prairie.
Comme c’est ménage encore, on est vraiment des usines à crasse, je m’écoute un truc de science en même temps, ça me sort la tête de mes chiottes. Des chercheurs ont fait manger des langues à une IA, qui a placé tous les mots en fonction de leur sens dans un modèle à trois cents dimensions. Sans doute que trois c’était pas assez, les scientifiques et les IA ne sont pas comme nous. Puis le machin les a comparées et surprise : ça se superpose. Maintenant ils essaient de faire pareil avec la langue des baleines, pour voir si on pourrait traduire.
L’objectif ultime est de montrer aux gens que les baleines sont comme nous parce qu’elles parlent, donc qu’on sente enfin de l’empathie et qu’on arrête de flinguer notre biotope. C’est un peu tordu mais intéressant. Le plus intéressant finalement était dans l’intro, qui mettait l’accent sur le décalage de taille et de temps : ce qui se passe trop loin et trop lentement ne nous touche pas.
On peut sans doute en dire autant de ce qui se passe trop vite. On n’a aucune idée de la vie des moucherons. Ça serait un peu comme le spectre lumineux : on ne perçoit directement qu’une petite partie de ce qui existe, pour le reste il faut des appareils. Mais ce qu’on perçoit via des appareils ne nous touche pas pareil. Donc on conduit des SUV.

En lisant attentivement le sors-dehors, je m’aperçois qu’on peut emmener ses codétenus. C’est l’heure de la promenade. On tente un tour à quatre, histoire de se déglacer un peu la cervelle. Accueil enthousiaste de nos jeunes berniques, qui ça y est on fait une croix sur le monde.
         Bon, finalement la balade est sympa.
On les a laissés acheter un jeu vidéo de danse. Dès ce soir, grandes rigolades et aisselles moites en perspective.



2 commentaires:

  1. Rien de tel que les enfants pour vous faire danser et chanter et raconter des histoires.

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