dimanche 30 juin 2013

Madame Irma vous parle.

Tu aimes les histoires de bananes ? Eh bien, va donc lire ceci et vois comme je l’avais totalement prédit dès le 28 février, ici.

Pour fêter ça, je t’offre une autre prédiction gratuite et sans engagement : ce soir, la nuit va tomber.

mercredi 26 juin 2013

Artichoc etc.

ARTICHOC n.m. méd. Forte réaction anaphylactique faisant suite à l'ingestion d'astéracées. 

BLINDE-EN-PLUS n.m. Fam. D'une prudence excessive. syn. : terre-la-mort. 

CELLO n.m. 1. Abr. Violoncelle. 2. Abr. Limoncello, liqueur italienne à base de citron. 3. Abr. Cervello (mot italien) Plaisir paroxystique, souvent provoqué par implant cérébral. 

COCO-ZAMOUQUE adj. et n. (mot créole) 1. Atteint d'une maladie psychiatrique. 2. Cynique, sans scrupules. syn. : pouri-coco. 

CONNEX adj. inv. 1. Équipé d'un implant cérébral. 2. Sociable, amical. 

ÉPROUVANTABLE adj. Dont l'horreur dépasse toute description. Dès la nuit de noces, leur vie conjugale fut éprouvantable. (G. de Maupassant) 

HANDICOMPATIBLE adj. Utilisable par une personne affectée d'un handicap. 

PLÈQUE adj. 1. Rêche, dur. 2. Froid. Tous les soirs il rentrait ivre, ne se tenant plus. Elle l'attendait dans la cuisine, roide sur une chaise, plèque. (P. Michon) 

RÉTROCUL adj. Conservateur en matières de mœurs. La duchesse se montrait singulièrement rétrocule en de pareilles circonstances, contrairement à Charlus, qui s'affairait en tous sens. (M. Proust)

samedi 22 juin 2013

Qu'on le pende par les tripes !

Ça devait arriver ! Mon bouquin de pirates, Le Jamais Plus, est disponible depuis quelques jours, en papier de bois d'arbre véritable ou en petits 0 et 1. Alors pour te donner envie, voici quelques paragraphes.








Andrzej est, comme Martón, originaire d’Europe orientale. On ne sait rien de sa jeunesse, il n’en parle pas, ni de grand-chose d’autre d’ailleurs. De fait, il parle assez mal, ce qui a sans doute un rapport avec la structure bizarre de ses maxillaires.
En revanche, on connaît les circonstances de l’accident qui l’a défiguré : en 1895, il travaille comme mécanicien pour les chemins de fer bavarois et un moteur lui explose au visage alors qu’il tente de le démonter. Sa face est arrachée de son crâne.
Une autre version de l’accident circule également ; elle évoque un combat à la pelle contre un ours, une nuit froide le long d’une ligne secondaire du réseau. Ayant momentanément le dessus, l’ours aurait entrepris de dévorer Andrzej. Ceci pourrait expliquer l’aversion notable d’Andrzej pour le commando Daikou aux puissantes mâchoires.
Quelles que soient les circonstances exactes de son accident, Andrzej subit vingt-trois opérations dans la clinique privée du Docteur Hackfleisch à Ratisbonne. Ce dernier se passionne pour ce cas extrême, qui lui permet de donner toute la mesure de son talent. Il soigne donc Andrzej gracieusement et, roublard, acquiert ce faisant une notoriété européenne, pas totalement méritée au vu du résultat.

mercredi 19 juin 2013

Barbraque etc.

BARBRAQUE n.f. bouch. Viande de bovin mort d'encéphalopathie spongiforme. – Par ext. Personne grossière et stupide. Depuis qu'elle était devenue chef de service, Mireille la petite dactylo se comportait en vraie barbraque. (F. Dard)

BRÂTON n.m. Type de massue originaire de l'Ouest de la France. – Par ext. Ivresse déraisonnable. Kevin s'est mis un sacré brâton vendredi soir !

BURG n.m. techn. Dysfonctionnement informatique faisant suite au malaise d'un technicien.

CRAPIN n.m. Prostitution exercée dans des conditions d'hygiène douteuses.

DICON n.m. (sigle de Delusion-Inducing COMpendium, mot angl.) Compilation de définitions erronées. syn. Lexicon.

ŒSTRUCHE [ɛstryʃ] n.f. sports Athlète féminine dont les performances à la course s'accroissent en période d'ovulation.

PARTIMONIE n.f. littér. Dans la littérature romantique anglaise, brève série d'échecs amoureux. Quand Henry partit pour Swansea avec sa cousine, Lindya sanglota longuement, ne pouvant écarter totalement un profond sentiment de partimonie. (J. Austen)

PORNE adj. Fam. Se dit d'un coït ennuyeux. – Par ext. Décevant. Wesh, trop porne le dernier Piggie Zuck !

dimanche 16 juin 2013

John-John en promenade

Quand il va en ville, John-John remarque souvent que les femmes marchent dans la rue lentement, on dirait qu'elles ne savent pas où elles vont et elles s'arrêtent tout le temps pour parler en regardant les yeux des autres. Certains hommes font ça aussi. John-John est intrigué.
Un jour, pour en avoir le cœur net, il va en ville et se met à suivre deux femmes qui font ça. Elles marchent lentement, comme d'habitude. A force, elles finissent par arriver au bout de la rue principale et là, elles font demi-tour sur place. John-John, qui les suivait d'un peu trop près, se retrouve nez-à-nez avec elles. Elles arrêtent de parler et commencent à regarder ses yeux l'air contrarié. Lui baisse le nez, les laisse passer et fait mine de continuer tout droit. Elles repartent.
Après quelques pas, il arrive au point où elles ont fait demi-tour. Il fait demi-tour exactement comme elles, mais ça ne fait rien de spécial. Il continue à les suivre d'un peu plus loin. L'une d'entre elles jette un œil par-dessus son épaule et le voit. Elle dit un mot à son amie et toutes les deux pressent le pas. John-John, cherchant toujours à comprendre, fait de même, pour voir comment ça fait.
Les femmes regardent de nouveau derrière elles, le voient qui marche vite désormais, et se mettent à courir. John-John les imite. Elles s'affolent et cavalent à toutes jambes jusque chez le shérif. John-John entre une seconde après, haletant. Les femmes se cachent derrière le shérif, qui était en train de causer avec son adjoint. Il regarde John-John avec surprise. John-John aussi.
Le shérif demande à John-John ce qui se passe. John-John répond rien. Le shérif demande aux femmes ce qui se passe. Elles répondent qu'elles se promenaient tranquillement et que ce cow-boy solitaire les a suivies.
John-John trouve que c'est un peu exagéré, parce que courir à toutes jambes jusque chez le shérif, il ne trouve pas ça très tranquille. Il demande :
– Mais pourquoi faites-vous ça ?
Les femmes le regardent de travers, l'adjoint le regarde de travers, le shérif répond :
– John-John, quand on n'a rien à faire, quelquefois on se promène.
John-John répond :
– Quand je n'ai rien à faire, je ne fais rien, ou alors je cherche une idée de quelque chose à faire, mais je ne cours pas chez le shérif.
Le shérif répond :
– On n'est pas tous pareils, John-John.
John-John est d'accord.

jeudi 13 juin 2013

John-John et le regard

Tous les jours, John-John regarde des choses. Il est obligé de regarder devant lui pour marcher, pour trouver son cheval, pour cuire son fricot. Ses yeux limpides sont perdus dans l'ombre profonde de son chapeau.
Il a remarqué que les autres gens regardent eux aussi, pour marcher pour prendre leur fusil, pour couper du bois. Mais pas seulement. Ils regardent aussi les yeux des autres gens. John-John, lui, ne regarde pas les yeux des autres gens, il regarde les choses dont il a besoin. Il n'a pas besoin des yeux des autres gens, ce n'est pas avec ça qu'il va couper du bois ou, beurk, cuire son fricot.
John-John essaie de comprendre pourquoi les gens font ça. Il a remarqué que souvent c'est quand les gens parlent à quelqu'un qu'ils regardent ses yeux. Du coup, John-John comprend mieux pourquoi lui ne le fait pas : il est solitaire, il ne parle pas à quelqu'un.
Mais il se dit que si tout le monde le fait, c'est que ça doit servir à quelque chose. Alors il veut essayer mais il n'y a personne. Il s'approche de son cheval.
Il lui parle mais ça fait peur au cheval, parce qu'il n'a pas l'habitude. Alors John-John se tait et se contente de regarder ses yeux. Le problème, c'est que le cheval a un œil de chaque côté de la tête donc John-John ne peut pas regarder les deux en même temps. D'ailleurs il ne regarde jamais qu'une seule chose à la fois, il n'arrive pas à regarder deux choses en même temps.
Après un bon quart d'heure à regarder l’œil gauche de son cheval, il ne sent pas de différence. Il se dit qu'il faut essayer avec une personne. Pour ça, il faut aller en ville. Il va aller au bazar, acheter des clous. Il aime bien le patron.
Il se met en selle et part. Ça prend une heure d'arriver en ville. En chemin, il croise un crotale. Il essaie de regarder son œil mais le serpent file se cacher mécontent.
John-John arrive à Las Nalgas, descend de son cheval et entre dans le bazar. Ce n'est pas le patron derrière le comptoir, c'est sa fille, Rosie. Elle a des boucles blondes et, comme son nom l'indique, des joues roses. Elle lui dit bonjour en souriant et lui demande ce qu'il veut.
Contrairement au cheval, elle a les deux yeux en face mais John-John ne peut toujours en regarder qu'un seul à la fois. Il choisit le droit, pour changer. Rosie a l’œil droit d'un bleu très soutenu, planté dans celui de John-John. Il est surpris, troublé, ébloui. Il se sent mal à l'aise et ressort en grommelant que peut-être.
Il va falloir s'entraîner.

lundi 10 juin 2013

John-John et l'entame

John-John est au saloon avec trois autres cow-boys, des gars du ranch d'à côté. Ils disputent une partie de stinky skunk endiablée. Tous les quatre sont sérieusement imbibés mais John-John est certain de mieux tenir l'alcool ; en effet, les autres ont l'air de faiblir : l'un a le chapeau de travers, le deuxième n'arrive plus à ranger ses cartes, le dernier a le coude qui dérape sans cesse du bord de la table. John-John, lui, est parfaitement clair. Le problème c'est que les cartes sont en train de s'user : il confond les rois et les as.
Teddy, le rouquin à sa gauche, entame avec un neuf de carreau. John-John regarde la carte, puis d'un coup se demande pourquoi on appelle ça « l'entame » ; l'entame, d'habitude, c'est la première tranche du rôti.
John-John s'imagine avec une douzaine de tranches de rôti dans la main et se dit que ça ne serait pas très pratique : c'est trop mou et puis la sauce ferait des taches sur la table. Non que la table du saloon risque grand-chose mais dans d'autres circonstances, ça serait sûrement gênant : les taches de sang sont difficiles à ravoir, même avec du savon, John-John en a fait maintes fois l'expérience. Ou alors il faudrait un rôti très très cuit pour que les tranches soit bien sèches et bien rigides, comme l'entame justement. Mais dans ce cas ça serait du gâchis : trop cuire un rôti, tout ça pour une partie de cartes, c'est malheureux. Et on n'aurait que des entames, on ne pourrait jouer que la première carte de chaque tour, ce serait sûrement moins amusant.
Alors John-John est content d'avoir compris pourquoi on joue avec des cartes et pas des tranches de rôti, et se ressert un verre.

mercredi 5 juin 2013

John-John et la réponse

John-John est appuyé contre un arbre, à l'ombre. Il attend Edward, le facteur. Edward passe tous les quinze jours, quand il n'est pas ivre mort.
John-John attend une lettre. Une réponse, exactement. Il a écrit à sa sœur Elizabeth, à Chicago, pour avoir des nouvelles de leur mère qui a un lumbago. C'est loin Chicago, la lettre doit faire un long voyage : faire du cheval avec Edward, c'est la partie la plus risquée, puis prendre le train à San Pedro jusqu'à Santa Fe, puis traverser les grandes plaines jusqu'au Mississippi, remonter le fleuve jusque chez les pieds-tendres et arriver là-bas quelque part à Chicago.
John-John a calculé que ça doit prendre normalement trois mois, ce voyage. Si Elizabeth lui répond tout de suite, il doit recevoir la réponse au bout de six mois. John-John ne sait plus trop quand il a envoyé la lettre mais ça fait un moment donc il vient attendre Edward sous l'arbre.
Au bout d'une heure, il se dit qu'Edward est ivre et qu'il doit ronfler sous un cactus. John-John détache son cheval et se met en selle. Edward arrive à ce moment-là. John-John l'attend en selle : il veut l'humilier un peu parce que l'autre l'a fait attendre une heure. C'est pour ça que John-John est solitaire, c'est chiant d'attendre les gens.
Edward fait un geste de la main, s'approche et fouille dans sa besace. Il lui dit :
– Tu as du courrier, John-John.
John-John tend la main et Edward lui donne plusieurs lettres. C'est surtout des pubs mais il reconnaît aussi l'écriture de sa sœur sur une enveloppe abîmée.
Il la décachette, sort la lettre. Il a du mal à lire car l'encre a coulé. On dirait qu'Edward a dormi dans un ruisseau cette fois. Sa sœur lui dit que le lumbago est fini parce que maman est morte. Elle est tombée du tramway.
John-John se dit que ce n'était pas la peine d'attendre pour apprendre ça. Mais il est quand même content que le lumbago soit fini.

samedi 1 juin 2013

John-John non-fumeur

Aujourd'hui, John-John prend le train. Il doit aller à San Pedro acheter des clous. Il est un peu nerveux parce que c'est la première fois, et surtout c'est non-fumeur. Mais John-John fume sans cesse, chaque jour depuis ses onze ans. Pour tromper l'envie, il a acheté au buffet de la gare un sandwich plein de sable et de la chique. La chique est interdite aussi dans le train, enfin c'est cracher qui est interdit. Il se dit que les citadins sont cons, on peut toujours cracher par la fenêtre.
Le train arrive dans la gare en faisant pfiou et s'arrête dans un grand nuage de fumée blanche, comme si le pape était à bord. John-John laisse descendre avant de monter, puis se hisse sur la plate-forme et entre dans le premier compartiment. Il y a un mormon barbu, avec deux mormones moustachues et une jeune mormone pas encore moustachue qui doit être la fille de quelqu'un. Ils ont l'air fâché. Il y a aussi une belle fille avec un faux-cul sous sa robe. Elle a l'air d'avoir chaud. John-John s'assied côté couloir.
Le train démarre vers San Pedro. Au bout d'un moment, un type sort de sous la robe. C'est bien un faux-cul : il a un habit de mormon lui aussi.
John-John sort dans le couloir et se met en cachette un bout de chique dans la bouche. C'est dégueulasse comme de mâcher un mégot de cigare. Ça lui fait du bien quand même car il commence à être nerveux de ne pas fumer. Il crache par la fenêtre comme convenu.
Son crachat vole et va atterrir sur le nez d'un type qui s'appuie à la fenêtre d'à côté. Le type rentre la tête dans le train en s'essuyant. Il s'approche de John-John l'air vilain en lui disant :
– C'est toi qui m'as craché dessus ?
John-John est un cow-boy solitaire, il n'a pas peur. Il dit :
– Oui.
L'autre reprend :
– Tu sais pas que c'est interdit de chiquer ici ?
John-John dit :
– Non.
L'autre s'énerve et l'attrape par le devant de sa chemise. John-John sort son arme et le tue car il commence à l'emmerder. Il le jette par la fenêtre parce qu'on ne peut plus passer dans le couloir. Puis il va chiquer à l'extérieur sur la plate-forme pour éviter de déranger d'autres voyageurs.