lundi 23 mars 2020

Jour 6


Bon, j’ai sondé un peu profond hier, je reviens à la surface des choses. Près de huit cents morts en Italie en vingt-quatre heures. Près d’un milliard de personnes confinées. La surface des choses est réjouissante.

On fait un saut à la pharmacie pour une bricole. Sur internet, des plates-formes se montent pour rapprocher des soignants débordés et des confinés qui leur gardent leurs enfants ou leur font leurs courses. Je demande à la pharmacienne si elle a besoin d’aide, elle me dit que non, plutôt voir à l’hôpital. On n’est pas une région encore trop touchée, dans l’Ouest. Par contre dans l’Est, ça pète toujours : deuxième vol Mulhouse-Marseille.
En remontant la rue, j’ai comme une bouffée d’espace : le carrefour est un peu vaste. Ça me serre le cœur de retourner m’enfermer. J’aime les espaces dégagés et les grands ciels, la mer en particulier. Je traverserais bien la Mongolie à pied.

On commence à réguler notre prise d’informations. Lire encore des horreurs juste avant d’éteindre la lumière, c’est naze. Il y a une définition de l’addiction qui est : on sait que c’est mauvais, on voudrait s’empêcher mais on n’y arrive pas. C’est tout à fait ça. Mais quel plaisir on y trouve ? Se faire peur, la fascination des situations terribles, l’espoir de se rassurer ?

Les Ecossais accueillent à leur tour des urbains qui viennent se confiner au vert, et ils hurlent comme nos iliens. Ça fait écho.
Peut-être qu’au bout d’un moment, on arrivera à séquencer un schéma de l’épidémie : d’abord c’est un truc d’étrangers au loin, puis ça se rapproche on regarde de plus près, puis on nous dit de faire des checks du pied mais on continue à se faire la bise, puis on ferme les écoles et là ça choque. La France tient des élections, puis annonce de bouclage général et grande fuite vers la cambrousse. Pendant tout ce temps, les courbes grimpent.
L’Asie du Sud-Est a l’air de contenir l’affaire. Par contre ça démarre en Amérique latine, qui commence à se confiner, et en Afrique, qui ne se confine pas… ça fait peur.

Les rassemblements religieux jouent un rôle dans tout ça : cluster des évangélistes à Mulhouse, patient 31 en Corée du Sud. Un copain à Dakar nous dit que certains imams disent de rester chez soi. A moins d’être pressé, c’est dommage de mourir en essayant de sauver son âme.
J’aime bien cette histoire de patient 31. Ils ont tout tracé : ce qu’ont fait les trente premiers malades et les gens qu’ils ont contaminés, mais c’est le 31 qui a fait dérailler le truc : trop tardé à se tester, deux passages à l’église et pof 1200 malades de plus.

Des bricoles commencent à nous manquer, notamment pour nos hobbys de confinés. Mais a-t-on le droit de faire bosser les employés d’Amazon et de la Poste pour ça ?

Première séance de sport d'intérieur. Pas facile à faire sans aide. Le ministère des sports propose des choses en ligne, je vais regarder.
Internet chauffe rouge vif. Informations, réseaux sociaux, solidarité, créativité… Devant toute cette matière, les sociologues font des orgasmes en chaine.


6 commentaires:

  1. Jour 9 :monsieur holcha se leve un peu plus tard.
    L espace temps prend le large

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  2. Pas si large : on n'a pas l'espace et pas tant de temps non plus, il y a d'autres casseroles sur le feu.

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  3. Injuste ce monde yen a qui bossent yen a qui....

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    1. Indeed. Une pensée pour ceux des pays pauvres, qui vont bosser sinon ils crèvent de faim.

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  4. J ai eu la frousse hier de ne plus découvrir la suite de ma saison Net Josha ....cela fait partie de mes motivations pour me lever :)
    Merci

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