vendredi 20 mars 2020

Jour 3


Ouh, 500 morts en Italie hier. Des avions militaires réanimatoires déplacent des malades de Mulhouse à Marseille. Ça se corse, ce merdier.
Libération publie un beau texte d’une écrivaine italienne, qui nous parle depuis notre futur dans une semaine. Si j’ai bien compris, on va manger, rire, et mal dormir. On pourrait presque dire qu’on ne s’en sort pas si mal.

Point de vue boulot, ça se cale : les horaires sont à peu près respectés, je lance des conversations pour ne pas me dessécher devant mon écran. Je mets des chaussures pour être trop performant.
Vu la durée qui s’annonce, il est temps de passer de l’ambiance confinement rigolo studio-de-ski à la navigation au long cours. On n’est plus dans une simple interruption de nos programmes, mais on a ouvert une parenthèse dont on ne voit pas la fin, façon Proust.
Et on croule sous le boulot finalement : faire avancer le  travail, démêler le maquis des outils informatiques, gérer les bugs, faire l’école loin des profs, contourner le système informatique du collège qui est planté, faire la bouffe.
Enfin, mes petits problèmes restent de la blague. Il y a trois populations en Europe en ce moment, avec des niveaux de frousse décroissants : les soignants courent partout et s’écroulent d’épuisement ; les informaticiens sans doute un peu aussi. Les éboueurs, les chauffeurs de bus, les caissières, les banquiers font leur boulot. Les bureaucrates, dont je suis, zonent chez eux en se cherchant une raison d’être. Je vais aller donner mon sang, tiens. Bonne conscience, petite sortie, c’est vendu. Le problème, c’est de trouver une case qui convient dans l’attestation de sortie.

Je trouve une recette militaire pour gérer le confinement dans les sous-marins : des horaires, des routines qui poussent à s’activer (les chaussures) et ne pas ruminer, de l’exercice physique, des discussions, parler de son stress.

Merveille du télétravail, je flexibilise et vais au supermarché à 14 h pour avoir moins de monde. Sur le boulevard, oh les arbres sont en fleurs. Deux jours de bocal et j’ai déjà l’impression de revenir de la lune.
Pas grand-monde dans les rayons. Pas de rayons trop dévalisés non plus. Je fais des trajectoires compliquées pour rester à un mètre de tout le monde, et des efforts surhumains pour ne pas me gratter le nez. Mais pour piloter le caddie, prendre les marchandises, les bipper à la douchette et zyeuter ma liste sur mon téléphone, je n’ai que deux mains. Je finis par coincer mon portable entre les dents. Teubé. Rien de plus infecté qu’un portable. Bon, je ne meurs pas sur-le-champ.
Il faudra revenir dans les rayons, le service de commande par internet est saturé.
A la sortie, Ouest France affiche Confinement, tour de vis à venir. Je vais courir avant que ça ne soit plus possible. Je déconfine grave aujourd'hui.

2 commentaires:

  1. Vivement demain c est mon tour de courses

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  2. Ce bol ! Tu vas voir c'est l'éclate. Prends-moi du muesli s'il-te-plait, j'en ai plus.

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