jeudi 27 août 2015

Pizza 14 - Schizo chorizo

Quand le service s'achève, Erminio, Concetta, Leonarda et Michele restent un moment. Concetta propose une margherita, les autres acquiescent. Mais, au moment où Concetta enfourne, Erminio se ravise et cherche quelque chose pour relever un peu la pizza. Il a envie de chorizo. Il ne reste qu'un rogaton pas catholique, pendu à une étagère. Sans finasser il s'en saisit, en coupe quelques tranches et les pose sur la pizza. Concetta enfourne.
Ils s'installent en terrasse et discutent doucement, tout en mangeant. La soirée a été bonne mais tout le monde est fatigué, Leonarda a fait des kilomètres, Concetta a enfourné des brouettes de pizzas, Erminio a raconté des tas d'histoires. La dernière n'était pas la plus simple. Il est épuisé.
Minuit sonne au campanile, chacun rentre chez soi. Concetta dépose Erminio chez lui, il ne peut toujours pas prendre son scooter. Encore une semaine de repos avant de retrouver son bras.
Il monte l'escalier, ouvre la porte, se déshabille et s'écroule sur son lit. Il s'endort d'un sommeil de plomb.
Il est réveillé par la voix de Donatella. Encore pris dans les plis du sommeil, il écoute sans bien comprendre. Au bout d'un instant, il se rend compte qu'elle est derrière la porte de l'appartement et qu'elle l'appelle. Il se lève et va jusqu'à la porte. Il est encore contrarié de son commentaire à la pizzeria, alors il n'ouvre pas. Il lui demande ce qu'elle veut. Elle dit qu'elle veut lui parler, et lui demande de la laisser entrer. Il demande :
Pourquoi, tu as d'autres commentaires à faire sur mes pizzas ou mes histoires ?
Non, j'ai juste besoin de te parler.
Écoute, je suis épuisé. C'était la première fois que je faisais toute la soirée avec les histoires, je suis vidé.
Allez, ouvre-moi, il faut que je te parle, c'est grave.
Il allait ouvrir mais là elle en fait trop, ça sonne faux. Il refuse. Il veut qu'elle comprenne qu'il n'est pas à sa disposition : elle ne peut pas le laisser un jour, puis revenir le cueillir à la pizzeria, se moquer de lui, débarquer au milieu de la nuit. Elle insiste. Il reste raide. Il est furieux. Il lui dit de rentrer chez elle et qu'elle l'appelle demain si elle veut parler. Il lui dit aussi de ne pas repasser à la pizzeria.
Elle finit par partir. Il colle son oreille à la porte, écoutant le son de ses pas diminuer. Il l'entend renifler. Soudain, pris de remords, il ouvre et descend quatre à quatre.
Il arrive en bas en un clin d’œil, regarde dans la rue. Il ne voit personne. Il est surpris, il était sûr de la rattraper, il a fait vite.
Il remonte pensif. Pourquoi est-elle venue ? Pourquoi le tourmenter comme ça ?
Il rentre chez lui, ferme sa porte et se recouche. Il se rendort aussitôt.
Il se réveille un peu plus tard : Donatella est revenue. Elle l'appelle de nouveau à la porte. Il se lève. Histoire de la faire mariner un peu, il lui demande de nouveau ce qu'il y a. Elle pleure. Il se décide à la faire entrer. Il lui dit d'attendre un instant, va enfiler un T-shirt et revient. Il ne va pas lui ouvrir à poil, ça ne peut pas être si facile, non. Il ouvre. Personne.
Là, il s'énerve franchement. Il jette un œil sur le palier, sur la volée d'escalier au-dessus, en-dessous, c'est vide. Il claque la porte et tourne le verrou bruyamment. Vraiment elle se fout de sa gueule, celle-là.
Il repart se coucher et cette fois, met des boules quiès. Terminé, elle pourra dormir sur son paillasson, lui s'en fout.
Très agité, il finit par se rendormir.
Mais il se réveille encore une fois. Malgré les boules quiès, il entend qu'elle appelle encore. Hors de lui, il fonce sur la porte et l'ouvre en grand d'un coup. Ce n'est pas Donatella. Un énorme scorpion lui saute dessus. Le monstre l'agrippe de toutes ses pattes, lui fouille le cou de ses pinces, cherche à l'atteindre de sa queue. Il crie en même temps d'une voix éraillée : il faut que je te parle ! Il faut que je te parle !
Erminio est terrorisé, il se débat dans tous les sens, il essaie d'éviter l'aiguillon mortel, puis, par hasard, il parvient à mettre un grand coup de poing sur les yeux du monstre, qui se relâche un instant, Erminio parvient à s'enfuir. Il court vers la cuisine mais la bestiole cavale derrière lui en continuant à grincer : il faut que je te parle ! C'est le piment !
Au moment où Erminio atteint la cuisine, il lui attrape la cheville et Erminio s'étale. Dans sa chute il saisit à l'aveugle un ustensile pour se défendre. Il se retourne dans le même mouvement et en porte un grand coup au scorpion. Mais il a pris le couteau à roulette et ça ne lui fait rien. Le monstre s'approche de lui, colle sa face contre Erminio et crie de plus belle : c'est le piment ! Plus de piment ! Il faut qu'on parle ! Erminio se débat, il reçoit un choc très fort à la tête et s'évanouit.


Il se réveille à l'aube dans sa cuisine. Il est allongé dans son vomi et la table lui est tombée dessus. Il a une énorme bosse sur le crâne et la porte de l'appartement est ouverte.
Il tâtonne autour de lui, tombe sur le couteau à roulette, se dégage de la table et se lève péniblement. Arrivé dans la salle de bain, il vomit de nouveau. Il a terriblement mal au ventre. Il s'allonge par terre et se rendort.

Il est réveillé à treize heures par le téléphone : c'est Michele affolé, qui ne l'a pas vu arriver à la pizzeria. Il a très peur parce que son chien a fini le chorizo et qu'il s'est jeté par la fenêtre dans la nuit. Heureusement il s'est seulement démis l'épaule.





Balise fournie par Cl Ho : schizo chorizo

2 commentaires:

  1. Je mangerai encore moins de chorizo a l'avenir... Une piste de l'origine de la schizoph ? Ce que ce serait marrant !

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    1. Attention, le chorizo doit être pourri, sinon ça ne marche pas.

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