vendredi 27 septembre 2013

Eloge du pneu

        Le pneu n'a pas la considération qu'il mérite.
       D'abord le mot. Admirez cet ovni. Une paire de consonnes impossible, suivies d'une queue coupée. On dirait un boxer à trois pattes.
      Sans parler du pluriel en S. C'est sans doute une sorte de décoration pour services rendus, une référence aux virages dangereux où le pneu fait son œuvre, guidant nos cylindrées puissantes sur l'asphalte. Sans lui, nos Maseratti finiraient en bas-reliefs dans les abribus.
       Mais voyez son humilité dans l'accomplissement de sa mission ! Alors que nous calons nos escarres dans des baquets de cuir, lui va au charbon. Pneu sur bitume, étreinte des hydrocarbures, il assèche la route, encaisse les déformations et nous mène à bon port.
       Et quand il est trop vieux pour courir les routes, il continue à servir coûte que coûte, vaillant toujours, lestant les bâches sur les silos, immobile désormais.
       Puis on finit par le brûler, et tout ce qui nous vient à l'esprit, c'est que ça pue.

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