dimanche 8 décembre 2013

Mon cher Marc

Mon cher Marc,

        Je ne suis pas descendu ce matin chez mon médecin Hermogène, qui n'est pas encore rentré à la Villa de son long voyage en Asie. Pourtant j'aime bien aller chez lui, après l'expresso, je me dégourdis les jambes, je profite de l'air frais, dans l'anticipation du zénith étouffant. Mais Hermogène est bien loin, en excursion chez les Perses ou les Pictes, je ne sais plus. Peu importe, dès lors qu'on quitte Rome, on est chez les Barbares.
        Mon ulcère me fait souffrir ces temps-ci. Je ne sais pas si ce sont les soucis où les premiers raisins de la saison, qui sont délicieux mais encore acides. A vrai dire, plus j'avance en âge, plus vivre m'emmerde. Et régner devient particulièrement pénible. Je suis assailli sans répit par toutes sortes de dérangements physiques, qui choisissent n'importe quelle partie de mon corps et la transforment en problème. Je dors mal et n'urine presque plus. Mon exaspération est telle que souvent je n'arrive même pas à écouter les graves affaires que m'expose Serenus mon conseiller. Mais Serenus est un emmerdeur, lui aussi.
       Apparemment nous sommes ainsi faits que, quand la fin approche, nous l'appelons de nos vœux. Les dieux ont donc pourvu à tout.

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