jeudi 14 novembre 2013

Ça n'a pas débuté comme ça.

        Ça n'a pas débuté comme ça. Moi, j'ai toujours dit quelque chose. Mais on ne m'a pas écouté. Je les avais prévenus, les maréchaux et les ministres, qu'on allait se faire piler par les Allemands. Je leur avais dit qu'ils étaient plus forts, plus organisés, plus armés que nous, qu'ils allaient nous sucer le lard. Bernique ! Ils n'en font qu'à leur tête, dans les bureaux dorés ! Ils en voulaient, de la guerre, du chant martial, des défilés sur les Champs-Elysées, sous les fleurs ! Ah on en a eu, des défilés ! C'était bien plutôt des défilés de gueules cassées dans les gares, de jeunes types ravagés du dehors et du dedans, les poumons racornis par le sarin, le cerveau fendu par le bruit des obus et les hurlements des copains. Et les autres, les galonnés, se pavanaient en jaquette dans les cabinets sous lambris. Non pas que ce soit pire ici qu'ailleurs, partout l'humain est un bête animal.

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