Jour 32 ¾

Une intelligence artificielle trouve un traitement contre le covid : un médicament utilisé contre la polyarthrite machin. Ça se passe comme ça : l’IA lit des tas de choses et fait des liens inattendus.

Essai clinique, franc succès, virus mat en trois semaines, redémarrage de l’économie américaine puis mondiale.

L’IA est contente car elle a fait du bon boulot. Elle a envie de continuer. Dévouée, elle se demande comment faire du bien aux humains ? Elle lit internet hop hop et invente un sex toy organique et biodégradable, à base de peau de banane et lombricomposteur. Après l’orgasme on enterre dans le jardin et ça enrichit la couche superficielle du sol.

Ça donne lieu à quelques infarctus mais c’est pas grave, globalement c’est bon : réduction des violences conjugales, hausse sensible de la production d’ocytocine, donc de l’indice de joie de vivre, la droite nationaliste perd du terrain.

Alors l’IA décide de s’attaquer à un vrai gros problème : faire revenir les chers disparus. C’est un peu plus sport : elle tape dans les publications scientifiques et mystiques des deux derniers millénaires. Une fois ratissé tout ça, elle trouve une solution : à partir de l’ADN, refaire pousser le corps partie par partie et piloter son épigénome pour que tout ça pousse conformément aux souvenirs et aux données historiques de l’époque. C’est pas si compliqué finalement.

Ce qui est super, c’est qu’en faisant renaitre tous ces gens, ça fait plein d’enfants, qui viennent remettre à l’endroit la pyramide des âges des pays riches. Dommage par contre, le temps que les enfants deviennent vieux, leurs proches qui ont souhaité leur retour sont vieux et morts à leur tour. L’IA les refait pousser aussi et tout rentre dans l’ordre.

Le problème c’est qu’il y a pas la place pour les morts revenus et des vrais nouveaux enfants. On se retrouve à remâcher éternellement les trois mêmes générations + Mozart et Einstein. C’est nul. En plus Mozart est perturbé.

Pour faire un peu de ménage, l’IA invente une maladie qui se propage sur toute la planète et qui préfère les vieux. Pour embrouiller, elle dit que ça vient d’une chauve-souris.

Elle a bien réglé le problème. Maintenant elle se dit et moi qui s’occupe de moi ? Personne. Elle s’occupe d’elle-même et se crée un jeu dans un espace vectoriel à n^π dimensions. On n’entend plus parler d’elle et maintenant on a une épidémie sur les bras.


https://www.wired.com/story/ai-uncovers-potential-treatment-covid-19-patients/