Jour 16

Ça se corse. 4000 morts aux Etats-Unis, soit deux fois plus en trois jours. On prévoit entre 100 000 et 200 000 morts au total là-bas, voire 240 000 pour les plus enthousiastes. Trump chevauche cette courbe et grimpe dans les sondages, alors qu’il fait le mariole depuis le début et qu’il a démonté le système de santé d’Obama. Bon.

La Floride se confine.

En Angleterre ça chauffe aussi. Un adolescent est mort. C’est rare. Une ado belge aussi.

Ça cartonne encore en Italie et en Espagne, mais ça pourrait commencer on dirait peut-être à plafonner peut-être.

En Indonésie, ça frémit. 250 millions d’habitants. Peut-être que le fait d’être un archipel les aidera. Le ramadan commence fin avril.

Un district chinois se confine, ils craignent une résurgence.

Apparemment le virus mute régulièrement. L’essentiel c’est qu’il soit suffisamment stable pour que ceux qui sont guéris restent immunisés.

Partout, les plus pauvres doivent choisir entre manquer d’argent ou sortir travailler : petits boulots dans les pays pauvres, dans le Sud de l’Italie, en France prostituées et livreurs.

        1^er avril en confinement. Poisson dans le dos et fourmis dans les pattes. Enfin moi ce n’est pas un poisson que j’ai pêché, mais un joli poulpe. Je l’ai collé sur mon ordi, ça fait plaisir de voir une belle chose.
       Deux télé-réunions, une bien, l’autre non. Il fait très beau, on est au soleil dans le jardin, je « travaille ».

Bolsonaro demande à tout le monde de retourner au travail. Plus personne ne l’écoute.

Le dictateur du Turkménistan interdit le mot coronavirus et par la puissance de sa parole efface le problème. Trump est un nain de l’infox.

Le prix du pétrole est au plus bas. J’apprends avec un vif plaisir la notion de prix négatif. Un prix négatif c’est le prix que tu payes pour fourguer ton produit qu'au départ tu voulais vendre : à certains endroits les réservoirs sont pleins donc on paye les gens pour débarrasser. Le prix négatif c’est en fait le prix de l’enlèvement, comme pour une épave. Quelle belle notion, c’est super l’économie.

Je ne me déshydrate pas en sanglots en lisant que le secteur va être ravagé. Le seul truc qui m’embête c’est pour les gens qui bossent là-dedans. Ça parle aussi de nationaliser les boites. Si c’est pour les fermer ok, sinon pas un kopeck de mes impôts.

La presse parle du pic de consommation, qui pourrait finalement avoir eu lieu en 2019. Ça pourrait. Ça pourrait aussi faire un rebond comme après la crise de 2008.

Les États européens se seraient engagés à mettre leurs plans de relance économique – massifs – en cohérence avec le Green Deal. Si je comprends bien, ça va cracher des mégatonnes de flouze sur des secteurs soutenables. Je dois mal comprendre.

L’inventivité continue : les hôpitaux adaptent aux respirateurs les masques de plongée Décathlon qui couvrent tout le visage. Décathlon en donne des milliers.

Alain Damasio râle contre les restrictions des libertés. Je ne sais pas trop quoi en penser. Même s’il a raison de dire que certaines mesures anti-terroristes de 2015 n’ont jamais été levées.

On se demande si le bac va avoir lieu.

Au bout de quinze jours, je suis fatigué, cette actualité me vide. C’est comme de partir courir : au début on est frais, ça se fait tout seul, mais au bout d’un moment on entre dans le dur. C’est là qu’on s’accroche et que ça devient bien.

Sans doute ce journal me sert aussi d’exutoire : parler de toutes ces tristes nouvelles permet de les mettre un peu à distance et les digérer, surtout en faisant des blagues. Journalprazolam.