Bon alors j’ai une mauvaise
nouvelle. Enfin une nouvelle mauvaise nouvelle : ça va être plus long que
prévu. Certains disent que l’épidémie va partir, revenir et que ça va durer des
mois, jusqu’à ce que 60 % de la population soit immunisée. Sauf si on peut
retomber malade, ce qui n’est pas totalement exclu. Et sauf si le virus mute beaucoup,
ce qui idem. Merci le moral.
Plus probablement, ça va déconfiner
par morceaux. On ne va pas se démouler en bloc comme un beau foie gras. On sera
gras, sans doute, après ces semaines de bernique, mais pas en bloc : ça va
déconfiner par région, par tranche d’âge, par état de santé, on ne sait pas.
Usbek et Rica publie un article
bluffant sur l’après. J’essaye de résumer : on s’est fait vitrifier sur
place comme Pompéi. L'État est redevenu l’acteur majeur de la société. Après ne
sera pas comme avant mais on ne sait pas comment. On va peut-être recommencer à
être prévoyant, à produire local. Belle réflexion.
A part ça, les mauvaises nouvelles
habituelles mais qui fouaillent quand même : deux premiers morts dans un
bidonville en Inde. A Guayaquil en Équateur, les corps attendent le long des
maisons et au bord des routes. La morgue de Milan est pleine. New-York brule,
le bateau-hôpital est vide.
Je prends conscience qu’on vit peut-être
un tournant. Ce n’est pas que une crise mondiale, ça pourrait être
un début de démondialisation, de démontage de l’Europe (ou le contraire), de retour
à une pensée à moyen terme. Tout ça a des inconvénients et des avantages. Est-ce
que la crise climatique, cauchemar quotidien, est subitement devenue un
non-problème ?
Il va falloir commencer à lire
autre chose que des courbes de morts. Par exemple, Harari l’historien génial dit
en substance que nous sommes en train de prendre un coup de pied au cul cosmique.
Des tas de choses qui se trainaient se mettent à cavaler comme des lapins. Des
expériences sociales à grande échelle vont avoir lieu. Télétravail, oui mais
aussi les ultraconservateurs américains réfléchissent au revenu universel. Ça scie
la nouille un peu quand même, ça. Ils réfléchissent aussi à la façon de fliquer
tout le monde comme les Chinois.
L’IFTF, agence de prospective californienne,
écrit aussi sûrement des milliards de choses époustouflantes mais là excuse je
n’ai pas le temps de lire tout internet. Je finis le texte du jour et on en
parle demain, quand j’aurai remis mon cerveau à l’endroit.
Et aussi : le bac est annulé, ce
sera au contrôle continu.
Ici, au niveau du quotidien, on
nage en pleine routine, certains même commencent à s’en plaindre dans le quatuor
familial.
On a notre premier apéro-visio ce
soir. C’est pas mal. Moins bien qu’en vrai mais pas mal. Ça dure moins
longtemps, on picole moins.
Pendant ce temps, des choses demeurent :
dans le jardin une grosse abeille charpentière se pose sur une fleur d’arum, dans
le cône blanc velouté comme une joue de jeune mariée. Blanc pur, jaune intense,
noir velu, noir-bleu transparent des ailes. Éblouissant.
Je vois aussi une fauvette et un
geai dans l’érable des voisins. Je n’en avais jamais vu. Parce que d’habitude je
suis au travail et que c’est trop loin, ou parce qu’ils se baladent plus en
notre absence. Je l’ai dit, bientôt on aura des grenouilles dans la salle de
bain. Les temps changent.
A part le mot catastrophe qui commence a tourner serieux dans ma tete, j apprecie le sourire narquois des animaux en cage.
RépondreSupprimerOui, on passe le temps, quoi.
RépondreSupprimer