Encore un
record ! Les prisons françaises ont de la place. Neuf places précisément :
il y a 61 100 personnes emprisonnées pour 61 109 places. Si je
comprends bien, il faut une catastrophe mondiale pour que la situation en
prison soit juste normale. Et on ne parle pas de la vétusté ou des violences.
Renault obtient
un prêt de 5 milliards d’euros garanti par l'État.
Paris se
met à l’urbanisme tactique et envisage de réserver des rues aux vélos, de
laisser comme Vilnius les bars s’étaler sur la chaussée. On réfléchit aussi au
logement de demain, réagençable au fil de la journée avec des cloisons mobiles.
Pratique pour le télétravail.
Je ne
vois rien venir sur le vélo ici, alors qu’on est une ville très cyclophile.
On me
propose deux apéros en visio coup sur coup.
Et un
plombier disponible – encore un signe de fin du monde – nous change notre vécé
décédé en début de confinement.
Les affaires
reprennent.
La
recherche a repéré un antiviral prometteur pour les cas graves, avec un nom pas
possible. Ces trucs-là finissent par -vir ou -mab, c’est forcé. Si bien qu’ils
ne riment qu’avec eux-mêmes, ou peut-être à rien. Les pharmaciens ne s'occupent pas de vers. Ou alors des solitaires, qui n'ont donc pas besoin de rimes.
Je reçois
confirmation aujourd'hui que le télétravail va continuer jusqu’à juin. Je ne
suis pas si déçu. L’essentiel c’est qu’on puisse ressortir un peu plus pour
commencer.
Justement
ce soir on nous donne la carte de France avec les départements en couleur. Quelle
surprise d’apprendre qu’il y a des départements oranges, et que c’est notre cas !
C’est comme se prendre 8 en maths alors qu’on pensait avoir réussi. Apparemment
le virus circule un peu chez nous. Je ne l’ai pas vu.
En même temps,
la différence entre rouge et vert c’est que les écoles peuvent rester fermées. On
est moins déçu d’un coup. De toute façon on refait le point début juin. Et de
toute façon tout peut rechanger n’importe quand. Avec de la chance on aura confinement
et canicule en même temps. Là ça va mijoter dans les cafetières.
En attendant,
on se prend un orage de grêle furieux. J’en ramasse des poignées dans l’herbe,
des billes gelées toutes rondes. C’est joli, mélangé aux brins et fleurs fanées
du laurier. C’est très froid aussi.
Je passe
à la Poste. Pas grand-monde, ni clients ni personnel. Poste fantôme, ça ne
partira que mardi monsieur. Très bien. De toute façon le paquet attend depuis
six semaines.
On a l’impression
que la vie va finir par reprendre. Même si les bars, restos, cinémas restent
fermés. On va pouvoir remettre le nez dehors. Et peut-être que début juin ça va
se détendre encore. Ou pas.
En Allemagne,
ils déconfinent pas à pas.