Quand
il va en ville, John-John remarque souvent que les femmes marchent
dans la rue lentement, on dirait qu'elles ne savent pas où elles
vont et elles s'arrêtent tout le temps pour parler en regardant
les yeux des autres. Certains hommes font ça aussi. John-John est
intrigué.
Un
jour, pour en avoir le cœur net, il va en ville et se met à suivre
deux femmes qui font ça. Elles marchent lentement, comme d'habitude.
A force, elles finissent par arriver au bout de la rue principale et
là, elles font demi-tour sur place. John-John, qui les suivait d'un
peu trop près, se retrouve nez-à-nez avec elles. Elles arrêtent de
parler et commencent à regarder ses yeux l'air contrarié. Lui
baisse le nez, les laisse passer et fait mine de continuer tout
droit. Elles repartent.
Après
quelques pas, il arrive au point où elles ont fait demi-tour. Il
fait demi-tour exactement comme elles, mais ça ne fait rien de
spécial. Il continue à les suivre d'un peu plus loin. L'une d'entre
elles jette un œil par-dessus son épaule et le voit. Elle dit un
mot à son amie et toutes les deux pressent le pas.
John-John, cherchant toujours à comprendre, fait de même, pour voir
comment ça fait.
Les
femmes regardent de nouveau derrière elles, le voient qui marche
vite désormais, et se mettent à courir. John-John les imite. Elles
s'affolent et cavalent à toutes jambes jusque chez le shérif.
John-John entre une seconde après, haletant. Les femmes se cachent
derrière le shérif, qui était en train de causer avec son adjoint.
Il regarde John-John avec surprise. John-John aussi.
Le
shérif demande à John-John ce qui se passe. John-John répond rien.
Le shérif demande aux femmes ce qui se passe. Elles répondent
qu'elles se promenaient tranquillement et que ce cow-boy solitaire
les a suivies.
John-John
trouve que c'est un peu exagéré, parce que courir à toutes jambes
jusque chez le shérif, il ne trouve pas ça très tranquille. Il
demande :
– Mais
pourquoi faites-vous ça ?
Les
femmes le regardent de travers, l'adjoint le regarde de travers, le
shérif répond :
– John-John,
quand on n'a rien à faire, quelquefois on se promène.
John-John
répond :
– Quand
je n'ai rien à faire, je ne fais rien, ou alors je cherche une idée
de quelque chose à faire, mais je ne cours pas chez le shérif.
Le
shérif répond :
– On
n'est pas tous pareils, John-John.
John-John
est d'accord.