Je ne suis pas descendu
ce matin chez mon médecin Hermogène, qui n'est pas encore rentré à
la Villa de son long voyage en Asie. Pourtant j'aime bien aller chez
lui, après l'expresso, je me dégourdis les jambes, je profite de
l'air frais, dans l'anticipation du zénith étouffant. Mais
Hermogène est bien loin, en excursion chez les Perses ou les Pictes,
je ne sais plus. Peu importe, dès lors qu'on quitte Rome, on est
chez les Barbares.
Mon ulcère me fait
souffrir ces temps-ci. Je ne sais pas si ce sont les soucis où les
premiers raisins de la saison, qui sont délicieux mais encore
acides. A vrai dire, plus j'avance en âge, plus vivre m'emmerde. Et
régner devient particulièrement pénible. Je suis assailli sans
répit par toutes sortes de dérangements physiques, qui choisissent
n'importe quelle partie de mon corps et la transforment en problème.
Je dors mal et n'urine presque plus. Mon exaspération est telle que
souvent je n'arrive même pas à écouter les graves affaires que
m'expose Serenus mon conseiller. Mais Serenus est un emmerdeur, lui
aussi.
Apparemment nous
sommes ainsi faits que, quand la fin approche, nous l'appelons de nos
vœux. Les dieux ont donc pourvu à tout.
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