En
2012, on réussit à stocker de l’information sur ADN, en
substituant le code des molécules ATCG aux 0 et 1. Après une
quinzaine d’années de tâtonnements, le procédé industriel fut
au point. On put alors stocker la BNF dans un grain de poussière.
Mais
entre-temps la quantité d’informations disponibles avait explosé :
l’Internet participatif et l'épidémie d'addiction à l'enregistrement avaient lancé un véritable raz-de-marée sur la
planète. Le réchauffement climatique aidant, les fermes de serveurs
ne pouvaient plus se refroidir et se trouvèrent complètement
dépassées.
Chacun
fut donc mis à contribution : la
persopuce qu’on
portait désormais sous la peau avec son dossier médical et son
abonnement de
bus dut accueillir une
partie de la bibliothèque mondiale. Bien
entendu, pour des
raisons éthiques, des conditions draconiennes de dispersion et
d’anonymat furent imposées. Malgré tout, on hurla à la location
des corps, les pacifistes ne voulurent pas porter d’informations à
usage militaire et certains naturistes radicaux, refusant le principe
même de l’écriture, menacèrent de s’écorcher vifs. Pourtant,
les autorités furent inflexibles : c’était indispensable au
fonctionnement fluide du cybiocerveau planétaire.
D'autres
rirent beaucoup en pensant aux performances de conservation de
l’ADN : quelle tête feront les archéologues des
années 30 000 quand
ils trouveront, dans des carcasses antiques, des scènes de Roméo
et Juliette en
hittite, des modèles de grille-pains pour impression
3D et des sex-tapes de calamars ?
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