Aujourd'hui, Maman est
vivante. Ça tombe bien, j'avais besoin de lui parler. Le notaire est
venu hier lui signifier sa destitution totale de ses biens, de ses
privilèges et de sa couronne. Cette gyropharyngite oblitérante est
décidément cause de bien des soucis : il nous faut parfois
attendre une semaine pour trouver un moment où Maman puisse nous
comprendre, nous faire part de sa volonté – bien que désormais ça
n'ait plus grande importance –, signer quelques papiers.
C'est maintenant mon frère aîné
qui doit prendre le trône. Cette perspective ne laisse pas de
m'inquiéter, tant il est peu au fait des affaires du pays et des
manœuvres de Cour. A coup sûr, sa rectitude le perdra ; nous sommes
entourés de chacals.
Il faut que je pense à
faire empoisonner le cardinal. J'ai depuis longtemps sa petite
moustache italienne en horreur et le pouvoir doit désormais reposer
dans les seules mains de la famille. Maman a été bien trop faible
avec lui et cette liaison tardive a failli tout ruiner. Mais elle en
a conçu beaucoup de joie, au crépuscule de sa vie. Comme elle
allait à confesse !
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