Dans l’ombre d’un
tiroir de cuisine dort un héros en costume d’humilité :
l’économe.
L’économe a changé
la face du monde. Songez comme, avant son avènement, nos
grands-mères s’escrimaient à éplucher les patates sans
gaspiller, avec de méchants couteaux d’office !
Songez à l’adresse qu’il leur fallait pour épouser les
vicieuses circonvolutions de ces racines ! Car alors, les
patates n’étaient pas blondes ni rondes comme aujourd'hui. Non,
elles étaient boursouflées et verruqueuses ; même les frites
n’étaient pas tout à fait carrées.
Mais grâce à
l’économe, la corvée de pluche est devenue un plaisir. Tandis
qu’on tient tendrement de la main gauche l’objet du désir
culinaire, on le déshabille prestement de la main droite. En un clin
d’œil on met à nu la quintessence légumineuse qui nourrit nos
chairs et nous offre ses précieuses vitamines. Simultanément et
comme par magie, on accumule un petit tas d’épluchures, non
moindre richesse qui alimentera le compost dont se repaissent nos
lombrics replets.
Croyez-moi, l’économe
libère la femme, revigore la santé publique et participe au
renouveau de la nature. L’économe est
l’incarnation du développement durable.
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