Sans raison valable, aujourd'hui John-John est contrarié. Le coq chante mal, un cordon de nuages traîne sur l'horizon, le vent fait rouler des boules de brindilles sur le sol. John-John trouve ça kitsch.
Pour
se changer les idées, il décide d'aller à la fête foraine.
Il
se met à cheval. La route est longue car la fête foraine est à San
Pedro. Il pourrait y aller en train mais ça le rend malade.
Après
quatre jours de voyage, dormant à la belle étoile, la tête sur sa
selle, il arrive à San Pedro. La fête foraine est toujours là.
Il
commence à sourire en entendant les cris des petits enfants. Il est
entouré de mères sévères et de bonnes débonnaires, qui courent
après des petits diables en costumes rayés.
Pour
se mettre en confiance, John-John commence par le stand de tir.
En
un quart d'heure, il gagne dix-sept ours en peluche géants. Il les
donne aux petits enfants, qui poussent des cris de joie et courent
derrière lui.
Puis
il va au rodéo. Il rit aux larmes en voyant un jeune con d'aristo se
briser la nuque sur la balustrade. Quand vient son tour, il tient le
bronco très serré et lui fait subir sa loi. Il se paie même le
luxe de lui labourer les flancs de ses éperons acérés.
Maintenant
tout à fait content de lui, John-John va aux grandes balançoires
qui tournent en rond. Il tremble un peu quand même en attachant sa
ceinture. Les petites filles autour de lui sont surexcitées dans
leurs robes roses. Dès que le manège démarre, John-John verdit. Il
vomit au troisième tour, traçant une belle parabole dans l'air.
Il
est chassé ignominieusement de la fête foraine par des bonnes en
fureur et des petites filles qui lui jettent des pommes d'amour
refroidies. Les ours en peluche sont brûlés en un grand feu
d'autodafé.
Très bien celui-là, aussi. Votre ton me fait penser à la BD " Jacques le petit lézard géant".
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