Maintenant Erminio imagine sa vie en
pizza. Quel effet cela peut-il faire de se faire servir, découper,
manger ? Que ressent-on sous le couteau à roulette ?
Erminio se dit que finalement ce n'est
qu'une question de destin : la pizza est faite pour être
mangée. Et, au fond, est-ce si différent d'être un homme ? On
naît, on est façonné par l'éducation, doté d'un certain nombre
d'atouts utiles pour la vie, puis on est prêt. On entre alors dans
l'arène, on se livre, on fait ce qu'on a à faire, on se retrouve au
service des autres, on se consume pour les clients, pour l'État,
pour les enfants.
Le couteau à roulette coupe de grandes
parts : on fait ses études, on travaille, on se marie, on a des
enfants, on se fait licencier, on se sépare, on vieillit. A la fin,
il reste quelques miettes. Tout ça est insensible, le couteau à
roulette est parfaitement aiguisé.
Erminio hausse les épaules : s'il
devient calzone, le couteau à roulette ne le concernera pas, c'est
le couteau à dents qui s'occupera de lui. Pour lui, le temps ne sera
pas circulaire mais cranté.
Balise fournie par l'Anonyme du 25 juillet : le couteau à roulette
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