Quand le service s'achève, Erminio,
Concetta, Leonarda et Michele restent un moment. Concetta propose une
margherita, les autres acquiescent. Mais, au moment où Concetta
enfourne, Erminio se ravise et cherche quelque chose pour relever un
peu la pizza. Il a envie de chorizo. Il ne reste qu'un rogaton pas
catholique, pendu à une étagère. Sans finasser il s'en saisit, en
coupe quelques tranches et les pose sur la pizza. Concetta enfourne.
Ils s'installent en terrasse et
discutent doucement, tout en mangeant. La soirée a été bonne mais
tout le monde est fatigué, Leonarda a fait des kilomètres, Concetta
a enfourné des brouettes de pizzas, Erminio a raconté des tas
d'histoires. La dernière n'était pas la plus simple. Il est épuisé.
Minuit sonne au campanile, chacun rentre
chez soi. Concetta dépose Erminio chez lui, il ne peut toujours pas
prendre son scooter. Encore une semaine de repos avant de retrouver
son bras.
Il monte l'escalier, ouvre la porte, se
déshabille et s'écroule sur son lit. Il s'endort d'un sommeil de
plomb.
Il est réveillé par la voix de
Donatella. Encore pris dans les plis du sommeil, il écoute sans
bien comprendre. Au bout d'un instant, il se rend compte qu'elle est
derrière la porte de l'appartement et qu'elle l'appelle. Il se lève
et va jusqu'à la porte. Il est encore contrarié de son commentaire
à la pizzeria, alors il n'ouvre pas. Il lui demande ce qu'elle veut.
Elle dit qu'elle veut lui parler, et lui demande de la laisser
entrer. Il demande :
– Pourquoi,
tu as d'autres commentaires à faire sur mes pizzas ou mes
histoires ?
– Non,
j'ai juste besoin de te parler.
– Écoute,
je suis épuisé. C'était la première fois que je faisais toute la
soirée avec les histoires, je suis vidé.
– Allez,
ouvre-moi, il faut que je te parle, c'est grave.
Il allait ouvrir mais là elle en fait trop, ça sonne faux. Il
refuse. Il veut
qu'elle comprenne qu'il n'est pas à sa disposition : elle ne
peut pas le laisser un jour, puis revenir le cueillir à la pizzeria,
se
moquer de lui,
débarquer au milieu de la nuit. Elle insiste. Il reste raide. Il est
furieux. Il lui dit de rentrer chez elle et qu'elle l'appelle demain
si elle veut parler. Il lui dit aussi de ne pas repasser à la
pizzeria.
Elle finit par partir. Il colle son
oreille à la porte, écoutant le son de ses pas diminuer. Il
l'entend renifler. Soudain, pris de remords, il ouvre et descend
quatre à quatre.
Il arrive en bas en un clin d’œil,
regarde dans la rue. Il ne voit personne. Il est surpris, il était
sûr de la rattraper, il a fait vite.
Il remonte pensif. Pourquoi est-elle
venue ? Pourquoi le tourmenter comme ça ?
Il rentre chez lui, ferme sa porte et se
recouche. Il se rendort aussitôt.
Il se réveille un peu plus tard :
Donatella est revenue. Elle l'appelle de nouveau à la porte. Il se
lève. Histoire de la faire mariner un peu, il lui demande de nouveau
ce qu'il y a. Elle pleure. Il se décide à la faire entrer. Il lui
dit d'attendre un instant, va enfiler un T-shirt et revient. Il ne va
pas lui ouvrir à poil, ça ne peut pas être si facile, non. Il
ouvre. Personne.
Là, il s'énerve franchement. Il jette
un œil sur le palier, sur la volée d'escalier au-dessus,
en-dessous, c'est vide. Il claque la porte et tourne le verrou
bruyamment. Vraiment elle se fout de sa gueule, celle-là.
Il repart se coucher et cette fois, met
des boules quiès. Terminé, elle pourra dormir sur son paillasson,
lui s'en fout.
Très agité, il finit par se rendormir.
Mais il se réveille encore une fois. Malgré les boules quiès, il
entend qu'elle appelle encore. Hors de lui, il fonce sur la porte et
l'ouvre en grand d'un coup. Ce n'est pas Donatella. Un énorme
scorpion lui saute dessus. Le monstre l'agrippe de toutes ses pattes,
lui fouille le cou de ses pinces, cherche à l'atteindre de sa queue.
Il crie en même temps d'une voix éraillée : il faut que je te
parle ! Il faut que je te parle !
Erminio est terrorisé, il se débat dans tous les sens, il essaie
d'éviter l'aiguillon mortel, puis, par hasard, il parvient à mettre
un grand coup de poing sur les yeux du monstre, qui se relâche un
instant, Erminio parvient à s'enfuir. Il court vers la cuisine mais
la bestiole cavale derrière lui en continuant à grincer : il
faut que je te parle ! C'est le piment !
Au moment où Erminio atteint la cuisine, il lui attrape la cheville
et Erminio s'étale. Dans sa chute il saisit à l'aveugle un
ustensile pour se défendre. Il se retourne dans le même mouvement
et en porte un grand coup au scorpion. Mais il a pris le couteau à
roulette et ça ne lui fait rien. Le monstre s'approche de lui, colle
sa face contre Erminio et crie de plus belle : c'est le piment !
Plus de piment ! Il faut qu'on parle ! Erminio se débat,
il reçoit un choc très fort à la tête et s'évanouit.
Il se réveille à l'aube dans sa cuisine. Il est allongé dans son
vomi et la table lui est tombée dessus. Il a une énorme bosse sur
le crâne et la porte de l'appartement est ouverte.
Il tâtonne autour de lui, tombe sur le couteau à roulette, se
dégage de la table et se lève péniblement. Arrivé dans la salle
de bain, il vomit de nouveau. Il a terriblement mal au ventre. Il
s'allonge par terre et se rendort.
Il est réveillé à treize heures par le téléphone : c'est
Michele affolé, qui ne l'a pas vu arriver à la pizzeria. Il a très
peur parce que son chien a fini le chorizo et qu'il s'est jeté par
la fenêtre dans la nuit. Heureusement il s'est seulement démis
l'épaule.
Balise fournie par Cl Ho : schizo chorizo
Je mangerai encore moins de chorizo a l'avenir... Une piste de l'origine de la schizoph ? Ce que ce serait marrant !
RépondreSupprimerAttention, le chorizo doit être pourri, sinon ça ne marche pas.
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