Ouh, 500 morts en Italie hier. Des avions
militaires réanimatoires déplacent des malades de Mulhouse à Marseille. Ça se
corse, ce merdier.
Libération publie un beau texte d’une écrivaine italienne, qui nous
parle depuis notre futur dans une semaine. Si j’ai bien compris, on va manger,
rire, et mal dormir. On pourrait presque dire qu’on ne s’en sort pas si mal.
Point de vue boulot, ça se cale :
les horaires sont à peu près respectés, je lance des conversations pour ne pas
me dessécher devant mon écran. Je mets des chaussures pour être trop performant.
Vu la durée qui s’annonce, il est temps
de passer de l’ambiance confinement rigolo studio-de-ski à la navigation au
long cours. On n’est plus dans une simple interruption de nos programmes, mais
on a ouvert une parenthèse dont on ne voit pas la fin, façon Proust.
Et on croule sous le boulot
finalement : faire avancer le
travail, démêler le maquis des outils informatiques, gérer les bugs,
faire l’école loin des profs, contourner le système informatique du collège qui
est planté, faire la bouffe.
Enfin, mes petits problèmes restent de la
blague. Il y a trois populations en Europe en ce moment, avec des niveaux de frousse
décroissants : les soignants courent partout et s’écroulent d’épuisement ;
les informaticiens sans doute un peu aussi. Les éboueurs, les chauffeurs de bus,
les caissières, les banquiers font leur boulot. Les bureaucrates, dont je suis,
zonent chez eux en se cherchant une raison d’être. Je vais aller donner mon
sang, tiens. Bonne conscience, petite sortie, c’est vendu. Le problème, c’est
de trouver une case qui convient dans l’attestation de sortie.
Je trouve une recette militaire pour
gérer le confinement dans les sous-marins : des horaires, des routines qui
poussent à s’activer (les chaussures) et ne pas ruminer, de l’exercice
physique, des discussions, parler de son stress.
Merveille du télétravail, je flexibilise
et vais au supermarché à 14 h pour avoir moins de monde. Sur le boulevard, oh les
arbres sont en fleurs. Deux jours de bocal et j’ai déjà l’impression de revenir
de la lune.
Pas grand-monde dans les rayons. Pas de
rayons trop dévalisés non plus. Je fais des trajectoires compliquées pour
rester à un mètre de tout le monde, et des efforts surhumains pour ne pas me
gratter le nez. Mais pour piloter le caddie, prendre les marchandises, les
bipper à la douchette et zyeuter ma liste sur mon téléphone, je n’ai que deux
mains. Je finis par coincer mon portable entre les dents. Teubé. Rien de plus infecté
qu’un portable. Bon, je ne meurs pas sur-le-champ.
Il faudra revenir dans les rayons, le
service de commande par internet est saturé.
A la sortie, Ouest France affiche Confinement,
tour de vis à venir. Je vais courir avant que ça ne soit plus possible. Je
déconfine grave aujourd'hui.
Vivement demain c est mon tour de courses
RépondreSupprimerCe bol ! Tu vas voir c'est l'éclate. Prends-moi du muesli s'il-te-plait, j'en ai plus.
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