La journée de travail s'achève plus
sereinement qu'elle a commencé. Un peu avant minuit, Erminio et
Concetta finissent une margherita, assis devant le bar avec Michele.
Il demande à Concetta ce qu'elle fait
quand elle ne remplace pas Erminio au pied levé.
– Des études
de médecine, répond-elle en levant les yeux au ciel.
– Ah ?
Et tu fais une spécialité particulière ? Pourquoi tu lèves
les yeux au ciel ?
– Proctologie.
Ça répond aussi à ta deuxième question.
– Qu'est-ce
que c'est ?
– Tripologue.
Rectumologue. Spécialiste du caca.
– Ah.
– Eh
oui, d'un coup on est sec.
– Mais...
pourquoi devient-on proctologue ?
– Comme on devient patron de
pizzeria : c'est un concours de circonstances, des opportunités.
J'ai toujours voulu faire médecine et, rapidement, j'ai voulu faire
une spécialité : la médecine générale me gonfle, je n'ai
pas une vocation d'aiguillage, ni de psy. Mais les spécialités,
c'est la course, le hamster dans sa roue, tu vois, les gens sont
prêts à tuer père et mère pour devenir cardiologue ou, mieux,
neurologue. Les aristos de l'hosto, en somme. Moi je ne suis pas un
hamster, alors je me suis retrouvée en proctologie. En même temps,
j'aime bien ça. Ça pue, c'est sûr, c'est la tripe, c'est vrai,
mais on est dans la vraie mécanique, dans l'essentiel, pas dans la
fanfreluche. Moi je suis manuelle, j'aime bien avoir les mains dans
le cambouis.
– J'ai vu ça en cuisine, répond
Michele.
– Les proctologues, c'est comme les
gens qui gèrent les ordures ménagères. Pourtant, on ne se fout pas
des gens qui gèrent les ordures, c'est indispensable, d'évacuer, sans ça, c'est
l'engorgement, l'explosion. Regarde Naples. Naples aurait besoin d'un
bon proctologue. Les proctologues, c'est essentiel. Et que celui qui
n'a jamais eu d'hémorroïdes me jette la première pierre.
– Ça c'est vrai, convient Michele
convaincu.
– Tu vois.
Balise fournie par Hubert : pourquoi devient-on proctologue ?
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