Quand Erminio s'éveille, le soir tombe. Il a toujours une douleur à
l'épaule, assourdie par les médicaments. Il dort depuis le matin et
se trouve reposé. Malgré cela, il garde les yeux fermés. Il entend
toutes sortes de bruits, une maman dans la rue appelle son petit, qui
crie que non non, une vespa passe sur l'avenue, la petite vieille d'à
côté fait son éternelle toux sur fond de télé, les pigeons
roucoulent. Erminio se retourne, fourre le nez dans son oreiller. Il
retrouve l'odeur du sommeil et du lit, du repos. Cette odeur, elle
est là depuis toujours, dans le lit des parents quand il faisait des
siestes contraintes, dans les vieux hauts lits de bois chez les
grands-parents des Pouilles, dans celui de Donatella.
Voilà que la mamie d'à côté a lancé sa friture. Ça sent
tellement l'ail qu'Erminio se demande ce qu'elle y met d'autre. Même
le pire morceau de poisson doit s'aplatir devant la puissance
déchaînée des gousses. D'habitude il fronce le nez mais cette fois
ça lui met l'eau à la bouche, il meurt de faim. Il se lève
lentement, prend son téléphone et appelle Concetta. Elle est
d'accord pour manger un morceau chez Michele.
Il se bat un long moment avec ses baskets puis met des tongs, on ne
fait pas de lacets quand on n'a qu'une main.
En partant, bon garçon, il va frapper chez la voisine pour voir si
elle n'a besoin de rien. Elle met trois minutes à l'entendre, puis
trois minutes à venir. Il l'entend traîner des pieds à mesure
qu'elle s'approche de la porte, elle doit porter des tongs aussi.
Elle ouvre et, pendant qu'ils discutent, Erminio essaie de voir ce
qui grésille dans la cuisine derrière elle. Dans l'appartement,
l'ail a une présence formidable, Erminio imagine un temple dédié à
une déesse rustique, avec de grands braseros pleins de gousses qui
roussissent lentement jour et nuit.
La mamie aperçoit son bandage, s'exclame doucement et lui dit qu'il
peut compter sur elle en cas de besoin. C'est le monde à l'envers
répond Erminio, elle dit bien sûr que non, les petites vieilles
aussi servent à quelque chose, je peux te faire ton dîner si tu
veux. Il sourit, touché, mais refuse en disant qu'il a rendez-vous
chez Michele.
Il descend, se retrouve dehors. La rue sent la chaleur, sourde et
moite, et le pavé fatigué. Erminio marche lentement pour ne pas
brusquer son épaule.
Par habitude, il arrive chez Michele par la petite rue, côté
cuisine. Dès le coin, il sent la pâte à pizza. C'est doux, c'est
tiède. Puis les poivrons, plus frais, qui font une odeur de légume
un peu insistant, comme un enfant qui veut l'attention d'un adulte,
enfin la tomate qui chauffe à petits bouillons dans la grande
gamelle, avec une touche d'olive. Il dépasse la porte de la cuisine,
passe le coin et entre par devant. Michele l'aperçoit, s'exclame,
l'embrasse, lui fait mal, lui demande de ses nouvelles et l'installe
en terrasse en l'assurant que c'est lui qui invite ce soir. Avec un
clin d’œil, il lui demande qui il attend. Erminio répond la
pizzaiola. Voilà justement Concetta qui arrive.
Balise fournie par Catherine : les odeurs
Comment avoir l'idée d'un couteau à roulette ?
RépondreSupprimerCher-e ami-e anonyme, vous me touchez en plein cœur : je suis un fervent adepte du couteau à roulette. J'intègre votre suggestion à ma liste.
RépondreSupprimerN'hésitez pas à m'écrire (joseph.holcha@gmail.com) pour que je puisse vous citer dans les remerciements.
J'adore la puissance déchaînée des gousses!!
RépondreSupprimerJe pluche oie.
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