Les attentats se
produisent alors que je mets sur le blog une série sur les monstres.
Forcément je fais le lien.
En médecine, on
distingue les maladies aiguës, qui tuent rapidement (comme le
choléra), et les maladies chroniques, avec lesquelles on peut vivre
longtemps (comme le diabète).
Je fais la même
distinction concernant les monstres. Les types qui vendredi dernier
ont pressé la détente sont les monstres les plus aigus, les plus
visibles.
Derrière eux se
cachent des monstres moins voyants : les imams fanatiques, les
formateurs de Daesh, tous ceux qui tirent vers la haine des gens
souvent simplement paumés. Eux, les gourous sectaires, sont des
monstres plus chroniques.
Un peu moins
aigus encore, on trouve les dirigeants d’extrême-droite :
moins virulents, ils n’appellent pas au crime mais ils répandent
la haine au quotidien. Ils sèment des violences à venir, sur le
terreau des désespoirs. Et ils profiteront probablement des
attentats lors des élections de décembre.
Mais le monstre
le plus chronique est aussi le plus insaisissable car nous baignons
dedans : c’est notre mode de vie. La propriété à outrance,
la consommation n’ont pas de sens. Le sens de la vie, ce sont les
liens qu’on a les uns avec les autres, ce sont les projets qu’on
met en œuvre. Derrière ce mode de vie, certains se nourrissent du
profit à court terme et courent après une réussite individuelle
qui ne tient pas compte de l'humain. Sont-ils des monstres ou juste
des idiots ?
Dans notre mode de vie, il y a aussi les portes fermées. En France,
la reproduction sociale est écrasante : sauf exception, les
enfants d’ouvriers deviennent ouvriers, les enfants de cadres
deviennent cadres. Et on ne donne pas le droit à l’erreur. Comment
s’étonner que les plus perdants à ce jeu, les désespérés,
tombent dans le précipice ?
Ce monstre-là,
notre mode de vie, nous le connaissons tous, nous vivons avec lui
chaque jour, c’est lui notre diabète. Les attentats en sont la
conséquence, comme des complications.
Personne ne naît
monstre. C’est la frustration, le désespoir et les mauvaises
rencontres qui changent les gens en monstres. Donnons un sens à la
vie, donnons vraiment sa chance à chacun et les recruteurs de Daesh
ne trouveront plus de recrues.
Ce ne sont pas de
petits changements qui sont nécessaires pour ralentir la fabrique
des monstres.
Salut Jo.
RépondreSupprimerOuais, ben moi je suis pas convaincu, et en un seul mot.
D'abord, il faut toujours faire son entrée en commentant de manière négative, comme ci-dessus. C'est méchant et agressif. Mais c'est bon. Je veux dire jouissif, pour celui qui commet l'agression.
C'est donc jouissant que j'écris que non, l'homme n'est pas bon. Il n'est pas mauvais non plus. Ses actions ont généralement un impact sur le monde, contexte dans lequel elles sont effectuées. Et la lecture, l'appréciation de cet impact est nécessairement subjectif.
Ainsi, ce qui nous fait, à presque tous, horreur dans les attentats, et que nous réprouvons en général, n'est pas nécessairement réprouvé par celui qui les commet, car il porte sur son action un regard différent.
Je ne suis pas à sa place, mais peut-être ne se considère-t-il pas comme un monstre, mais plutôt, c'est facile à croire pour moi, comme un élu, comme l'agent d'une nécessité à faire advenir.
Alors, oui, là où je suis bien d'accord, c'est que, dans ma propre vision, les comportements de ce genre et ses impacts sont à proscrire. Et ils m'apparaissent également monstrueux, parce que, par empathie, je ne peux concevoir de me substituer au terroriste qu'avec ma mécanique de jugement, et pas celle d'un autre. Je peux imaginer changer cette mécanique, mais je ne peux pas l'emprunter pour de vrai, pour ressentir réellement, dans ma chair, la vision et les jugements d'autrui.
Bon, tout ça pour dire, que, de mon point de vue, quel que soit le mode de vie que nous emprunterons, nous devrons toujours faire face à la différence de point de vue qui, parfois, par sa distance extrême avec le nôtre, nous apparaitra monstrueux.
Je ne crois pas que serons tous un jour bien sagement éduqués et totalement bienveillants les uns avec les autres.
L'altérité peut être effrayante, comme ici, mais elle a pour effet positif de nous rappeler, qu'en effet, l'essentiel est bien de vivre ensemble, et, même si c'est agréable d'être avec l'autre, j'avoue que, parfois, ça fait vachement peur.
Allez, bisous, a+