Le
début du XXIe siècle connut une terrible épidémie d'obésité :
jamais l'homme n'avait connu une telle abondance de nourriture. Les
gouvernements européens, tentant de sauver leurs systèmes de santé,
réformèrent l'étiquetage des aliments en vue de sensibiliser les
consommateurs aux dangers de la malbouffe. On décida
d'afficher de façon uniforme le contenu des aliments en sucre, sel
et graisses. Dans un élan de marketing
public, on inventa le SaSuFaSU, pour
Salt-Sugar-Fat Standardized Unit (noté :
Ṩ).
L'initiative
fut un flop, au même titre que les mini-vidéos trash qu'on voyait
désormais sur les paquets de cigarettes. Le
mot sasufasu
resta cependant pour qualifier quelque chose d'immédiatement
plaisant, à tel point que
les jeunes commencèrent à
appeler
ainsi les jolies
filles dans la rue.
Puis Bollywood
sortit une comédie musicale de quatre heures intitulée Sasufasu
love love, qui eut
un succès planétaire.
Entre-temps,
les syndicats professionnels
s'étaient emparés du concept et s'étaient
mis d'accord sur une échelle
unifiée du plaisir ressenti à la consommation ; rapidement,
le sasufasu s'imposa comme unité
de mesure. Bientôt,
des petits malins
l'affichèrent
sur leurs produits. Cela
déclencha une violente
guerre
commerciale, où
la
surenchère devint la norme : tel scooter affichait
1000 Ṩ, telle voiture 10.000 Ṩ. On passa ainsi rapidement
du sasufasu (ou sasuf,
dans le langage courant) au kilosasuf. Vers 2025, la mise au point
des prothèses sexuelles fit sauter le compteur jusqu'au mégasasuf.
Et quand on brancha les prothèses sexuelles sur les sondes
cérébrales, on explosa le gigasasuf.
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