La poursuite du profit à
court terme et l’intervention massive d’automates sur les marchés
financiers provoqua une profonde crise économique au début du XXIe
siècle. Les pays riches furent confrontés à de graves difficultés
budgétaires. Chaque gouvernement, en fonction de son orientation
politique, partit à la chasse aux dépenses ou chercha des rentrées
supplémentaires. Mais les déficits continuaient à se creuser.
C’est alors que la France,
grand pays d’innovation fiscale, réinventa la gabelle. Le frigo
étant au point depuis longtemps, le sel ne jouait plus de rôle
majeur dans la conservation des aliments. Les créatifs du ministère
des finances proposèrent donc d’asseoir le nouvel impôt sur le
sucre, dont la consommation était devenue massive.
Ce fut un succès fulgurant.
Au bout de deux ans, le budget de l’État français devint
excédentaire et la résorption de la dette publique était en bonne
voie, sans compter la réduction des dépenses de santé attendue à
plus long terme. Bien sûr, beaucoup furent engloutis dans cette
révolution, il y eut quelques émeutes de dentistes, et on déplora
la faillite de Ferrero en 2018. Cependant, les rentrées fiscales
étaient telles qu’il fut facile de proposer à tous les chômeurs
des programmes de reconversion très satisfaisants. On put même
remettre sur pied l’Éducation nationale.
Mais rapidement, l’industrie
revint à la charge avec un nouvel édulcorant en lieu et place du
sucre. L’État riposta en l’incluant dans l’assiette de la taxe.
Ce fut le début de la Guerre des sucres, qui se poursuit encore
aujourd’hui.
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