John-John
se brûle l’œsophage en avalant son jus bouillant. Il sort en
sacrant : saperlipopette !
Sitôt
dehors, il est accueilli par une bourrasque sournoise, qui détourne
son attention en lui enlevant son chapeau. Dès qu'il se met à
courir pour le rattraper, elle lui lance une poignée de poussière
au visage. Il commence à pleurer et son chapeau part au loin.
Il
revient sur ses pas pour se rincer les yeux. Il plonge son visage
dans le baquet derrière la maison mais le vent a mis plein de
poussière dedans. Voilà maintenant qu'il a les dents qui crissent.
Il
rentre dans la maison se rincer avec de l'eau propre mais il n'en a
plus. Il se crache dans la main pour se rincer l’œil mais il a la
bouche pleine de sable.
C'est
l'impasse. Il faut demander de l'aide.
A
tâtons, il selle son cheval, le fidèle Chupito, et part vers la
ville. Sans chapeau, il n'a pas fière allure. Les larmes dessinent
des chemins dans la poussière de ses joues.
Jamais
la route ne lui a semblé aussi longue. Enfin, il arrive en vue de
Las Nalgas. Il va demander de l'aide à Bill, le patron du bazar, qui
est un ami.
John-John
a encore reçu quelques kilos de poussière dans les yeux en chemin,
si bien que ça le brûle atrocement comme il reste figé sur le pas
de la porte : il devine que ce n'est pas Bill derrière le
comptoir mais Rosie, sa fille. Maintenant il est trop tard :
elle a vu qu'il pleure.
Mais
Rosie est une chouette fille. Émue par son désarroi, elle lui sèche
ses larmes.