C’est la
fin des confitures. On sort du tunnel mou et on recommence à regarder la date. Dès
demain c’est robe à crinoline pour tout le monde, pour garder sa distance.
Beaucoup de
choses pour ce dernier jour de bocal.
Résultats
à ce jour : États-Unis 80 000 morts, Angleterre 32 000, Italie
30 000, Espagne et France 26 000. On y
reviendra après la deuxième vague.
Ça peut
faire un peu peur maintenant de déconfiner, mais à un moment il va falloir recommencer
la vraie vie. Enfin c’est
pas pour tout de suite : deux nouveaux foyers de virus détectés en France.
Quarantaine pour les positifs et leurs contacts. C’est le nouveau régime.
L’Allemagne,
qui n’a pas vraiment confiné et a relâché la pression, voit son taux de contamination
remonter à 1,1.
La Belgique
a inventé un truc à la belge : chaque foyer de quatre personnes peut
choisir un autre foyer de quatre personnes, qu’il sera autorisé à voir pendant
la période qui s’ouvre. Il s’agit de blocs, on ne peut pas choisir des
personnes qui vivent à des endroits différents. La relation est exclusive, c'est-à-dire
que les deux foyers sont en binôme et ne voient personne d’autre. Compliqué
pour les familles recomposées.
Par ailleurs,
dans ce groupe de huit personnes, il faut une répartition identique à celle du pays,
soit à peu près cinq Flamands pour trois Wallons. Si c’est possible d’intégrer
un morceau d’une personne germanophone, c’est mieux, mais c’est pas obligé. Quand
tout ce petit monde se retrouve, le temps de parole doit être réparti selon
la même clé. Et les réunions doivent se dérouler alternativement en Flandre et en
Wallonie, avec là encore une réunion sur quinze dans le territoire germanophone
du Nord-Est si c’est possible mais c’est pas obligé.
C’est
vrai que c’est gai l’infox, je comprends que les salauds en raffolent. Cela dit
le premier paragraphe est vrai.
Petit bilan
littéraire puisque c’est l’heure : j’ai déjà tenu des journaux mais jamais
si longtemps ni en publication directe. Le plus difficile a été de tenir la
distance : il faut des choses à raconter, et assez vite la routine s’est
installée, il n’y avait plus grand-chose à dire sur l’intérieur du bocal. Tout ça
a donc viré à la revue de presse subjective. Et il a fallu mettre chaque jour de
l’énergie et entre une et deux heures. Il y a eu des après-diners laborieux.
Il a
aussi fallu garder le même ton sarcastique et le style expéditif. Pas toujours
facile mais c’était intéressant de tester cette plume-là, façon envoie comme ça
vient. Ponctuation réduite, expression proche de l’oral, sans trop d’égards
pour les bonnes manières linguistiques.
Et de
mettre à lire sans laisser reposer. Prise de risque un peu.
Sans
doute la lecture ne sera pas la même dans quelques années. C’est surtout pour
ça que je m’y suis mis : prendre une pipette de chaque jour pour conserver
l’ambiance, les sujets brulants et leur évolution au fil des semaines. Si ça
marche, en relisant on aura l’impression de prélever une carotte de glace comme
en Antarctique.
Il y aura
peut-être encore quelques entrées dans ce journal si certains évènements l’appellent.
Encore une fois rien n’est sûr.
En tout cas
merci à toi d’être arrivé jusqu’ici.