Noémie
est un génie.
Silencieusement,
dans un recoin de
sa chambrette,
elle a posé à
sa façon les
axiomes d'Euclide et en
a
redémontré les vingt premières branches
annexes.
Pendant ce temps, son père dégoise
au Rotary avec d'autres importants capitaines d'industrie et
sa
mère mitonne des sautés de veau.
Ce
matin, Noémie
est
particulièrement fière, étant venu à bout d'un problème délicat.
Sa
feuille à la main, elle va voir sa maman à la cuisine et annonce
son
résultat l’œil
brillant.
Sa mère lève les yeux aux ciel et rétorque qu'elle ferait mieux
d'apprendre le
sauté de veau. « Ces choses-là sont pour les savants,
sermonne-t-elle, ton
père
te l'a déjà dit ».
Noémie est meurtrie : encore
une
fois, sa
maman se fiche de sa belle démonstration. Alors, désespérément
assoiffée d'amour, la fillette
décide de se conformer à ce qu'on attend
d'elle.
Grâce
à quoi, huit
ans plus tard, elle
épouse un jeune héritier, qui l'engrosse six
fois et la trompe autant.
Elle
prend elle-même un amant, Léonard Persil, naturaliste au
Muséum, mais peine à comprendre ce
qu'il
lui raconte. Elle
fait par ailleurs une épouse
terne et une
cuisinière
médiocre, tandis que le XIXe siècle perd sa plus grande
mathématicienne, comète
jumelle
d'Évariste
Gallois,
éclipsée
par
de
vieilles
lunes.
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