mercredi 19 février 2014

Eloge de l'andouille

Prenez l’andouille fermement en main. Coupez-la en son milieu. Selon sa confection, on y voit une foule de vermisseaux, de plis et replis intriqués, ou bien un rayonnement concentrique, menant l’œil vers un centre mystérieux, lui aussi plein de replis. Sans être parfaitement fractale, l’andouille est toujours labyrinthique.
        Il n’est pas question ici de défendre le terroir ou le savoir-faire français, gravier roulé par la déferlante de la mondialisation culturelle. Non, pas de slogan identitaire dans l’andouille : elle est bien au-delà des revendications d’une époque, étant de noblesse immémoriale. L’andouille transcende grave. Avec sa chair faite de tripes, elle tire parti de toutes les ressources et transforme des déchets en apéro délicieux. L’andouille est un plaisir né d'un monde de rareté.
        Alors l’andouille sent la merde, oui, mais quand même.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire