Pourri !
Loin d'être une insulte, cette épithète devrait flatter l'ego. Pensons un instant à ce que serait notre planète sans le pourri. Sans le travail des cloportes, xylophages, tardigrades et autres bestioles monstrueuses : un monceau de cadavres. Des strates de cadavres empilés. Darwin n'aurait eu aucun mérite.
Mais, âmes sensibles,
chassez cette vision d'horreur de votre esprit, et sentez naître en
vous la reconnaissance pour le pourri. Admirez comme du déchet, de
la mort, de la fin, il tire la jeunesse, l'élan, la vie en somme !
Le pourri, c'est la résurrection permanente.
Alors désormais, au
lieu de vous écarter l'air pincé des ordures éventrées, de
contourner les décharges, ciselez donc des poèmes sur les
charognes, soyez pénétrants, soyez saprophiles !