Un mois après, où en sont-ils ?
On a bien déconfiné. Deux
week-ends à la plage, chaleur. Le climat reprend le devant de la
scène. On nous annonce un été du feu de dieu, sécheresse
et tout.
Je suis allé courir plus loin
que le bout de la rue, et faire des courses. Ils limitent le nombre
de clients dans tous les magasins, on fait la queue, c’est long.
Mais on respire. Je ne lis plus la presse, je soigne mon indigestion.
Les bars rouvrent. On va pouvoir
partir en vacances. On nous annonce la crise à grands cris. On revoit les amis.
On parle du syndrome de la
cabane : des gens ont peur de ressortir.
Depuis deux
semaines
je retourne au boulot, pas complètement pour faire
un peu quand même le
père de famille : les cours ont repris à petite vitesse et la
jeunesse passe du temps à la maison. On
va tirer comme ça jusqu’à la fin du mois, l’année scolaire
clabote à tout petits bouillons. La guerre de l’écran continue.
En fait on a passé deux mois et
demi devant. Tout peut se faire sur écran. Les réunions continuent
à se tenir en vidéo avec
le bureau d’à côté.
On
en
arrive à réfléchir à ce qu’on
pourrait
faire hors écran, histoire
de se dégourdir la rétine.
On ne connaît pas les chiffres
du décrochage. Certains collèges font revenir en priorité les
enfants en difficulté, d’autres laissent le choix. J’entends
parler de classes de soutien pour l’été, « vacances
apprenantes ». Et on ne sait pas comment va se faire la rentrée. Noël à distance, ça botte quelqu'un ?
Partout, on tient vaguement ses
distances, on met des masques dans les couloirs du boulot et dans les
magasins. Les enfants au collège et au lycée suivent des procédures
Tchernobyl. La vie reprend son cours mais on ne sait pas combien de
temps ça va durer comme ça. En attendant, je vais à Paris la
semaine prochaine .
Peut-être quelques bons
virus à récupérer dans le train, à voir.
L’Europe pourrait être en
train de faire un grand pas : j’ai pas tout compris, mais
l’Allemagne qui bloquait a fini par accepter qu’on s’aide
financièrement. Il faut bien que les
autres pays européens, qui sont ses
principaux clients,
aient de quoi la payer. Apparemment c’est un tournant. Peut-être
même un impôt européen à terme. C’est grâce au virus :
confinement, crise économique, dette européenne pour repêcher les
pays catastrophés.
Pendant ce temps-là, les
États-Unis et la Chine se regardent en grinçant des dents.
Maintenant que la diplomatie chinoise a sorti les crocs, on a deux
beaux blocs de connerie face à face. Mais
avec deux qualités différentes : la bonne connerie brute de
Trump, on ne s’en lasse pas, épaisse comme un steak texan, et la
connerie néo-impérialiste de la Chine, qui joue de la mandale en
pleine poire et du balayage vicieux. Il
y aurait une place pour l’Europe là-dedans.
C’est déplaisant mais on pourrait bien être le seul bloc
un peu humaniste à
l’échelle mondiale. Et
on pourrait aussi apporter notre contribution en connerie
bureaucratique et percluse d’histoire, y a pas de raison.
L’épidémie flambe en Amérique
latine. Le Brésil est le deuxième pays avec le plus de morts. Les
chiffres officiels sont grossièrement sous-estimés. Les États-Unis
ont dépassé les 100 000. La France reste en-dessous des 30 000.
Est-ce que c’est fini pour nous ce coup-ci ? Certains parlent
d’une deuxième vague à l’hiver prochain. Et on nous annonce des
retours de pandémies, grippe sauvage mondiale tous les ans. Au moins
on est prévenu.