John-John
est au saloon avec trois autres cow-boys, des gars du ranch d'à
côté. Ils disputent une partie de stinky skunk endiablée. Tous les
quatre sont sérieusement imbibés mais John-John est certain de
mieux tenir l'alcool ; en effet, les autres ont l'air de
faiblir : l'un a le chapeau de travers, le deuxième n'arrive
plus à ranger ses cartes, le dernier a le coude qui dérape sans
cesse du bord de la table. John-John, lui, est parfaitement clair. Le
problème c'est que les cartes sont en train de s'user : il
confond les rois et les as.
Teddy,
le rouquin à sa gauche, entame avec un neuf de carreau. John-John
regarde la carte, puis d'un coup se demande pourquoi on appelle ça
« l'entame » ; l'entame, d'habitude, c'est la
première tranche du rôti.
John-John
s'imagine avec une douzaine de tranches de rôti dans la main et se
dit que ça ne serait pas très pratique : c'est trop mou et
puis la sauce ferait des taches sur la table. Non que la table du
saloon risque grand-chose mais dans d'autres circonstances, ça
serait sûrement gênant : les taches de sang sont difficiles à ravoir, même avec du savon, John-John en a fait maintes fois
l'expérience. Ou alors il faudrait un rôti très très cuit pour
que les tranches soit bien sèches et bien rigides, comme l'entame
justement. Mais dans ce cas ça serait du gâchis : trop cuire
un rôti, tout ça pour une partie de cartes, c'est malheureux. Et on
n'aurait que des entames, on ne pourrait jouer que la première carte
de chaque tour, ce serait sûrement moins amusant.
Alors
John-John est content d'avoir compris pourquoi on joue avec des
cartes et pas des tranches de rôti, et se ressert un verre.
C'est du rôti de quoi ? Les menottes de John John et le rôti se mélangent dans l'image que j'ai dans ma tête.
RépondreSupprimerJe suis contente d'avoir appris qqch en tout cas.